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 Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby

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Lilium
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MessageSujet: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyDim 6 Nov - 2:33


... il y a tellement plus de choses à voir qu'ici.

L'Égypte. Elle allait adorer, selon eux. Ils étaient convaincus que les voyages permettraient de tout régler. D'effacer définitivement le passé, d'oublier les tensions. D'effacer la femme de Harris, d'oublier James. D'effacer la haine de leur propre fille, d'oublier qu'elle était la cause de la plupart de leurs problèmes. Elle voulait seulement qu'ils la laissent partir. Si faire en sorte d'être insupportable ne suffisait pas, Jillian s'en irait d'elle-même. Il faisait nuit. Seule la lune perçait la pénombre à l'extérieur. L'adolescente parcouru la chambre d'hôtel d'un regard. Elle était complètement plongée dans le noir, mais la lueur de l'astre de la nuit perçait légèrement les fins rideaux, rendant les formes discernables. En silence, elle quitta doucement son lit, s'empara des vêtements qu'elle avait pris le temps de mettre en dessous de celui-ci et s'habilla, cachant son pyjama à l'endroit où se trouvait ce qu'elle portait désormais quelques minutes plus tôt. Sans faire un bruit, elle se glissa lentement jusqu'à la porte et quitta la pièce. Elle ignorait quelle heure il était. Il n'y avait personne à l'accueil. Tard, dans tous les cas. Ou tôt.

Dehors, seul le ciel était endormi. Illusion. Le monde veillait encore. Il y avait les lumières, des lumières. Partout. Qui éclairaient les lieux comme autant d'infimes morceaux de soleil. Qui éblouissaient, qui émerveillaient. Il y avait les rues, grouillantes de vie. Des gens qui riaient. Des gens qui parlaient. Des gens qui la regardaient, la dévisageaient, qui se demandaient ce qu'une gamine de quatorze étés venue de l'étranger pouvait bien faire en pleine nuit dans des rues qu'elle ne connaissait même pas. Ils réfléchissaient, ne comprenaient pas et alors leurs regards devenaient froids. Les humains haïssaient tous ceux qu'ils n'arrivaient pas à saisir. Quand ils ne pouvaient les simplifier, les rendre compréhensibles, ils les éradiquaient. Quand ils ne pouvaient les éradiquer, ils cherchaient des explications, en trouvaient certaines, en imaginaient d'autres. Inventaient des vies de débauche aux gens différents d'eux qu'ils croisaient. Et oubliaient qu'il suffisait de quelques mots échangés pour s'ouvrir l'esprit, pour goûter à ce qu'ils n'avaient jamais envisagé aimer.

Jillian s'engagea dans les rues, sans se préoccuper des gens aux alentours. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle avait une vague idée de l'endroit où elle se trouvait. Si l'hôtel n'était plus visible, elle savait malgré tout qu'il n'était pas très loin. Une longue rangée de bâtiments s'alignaient les uns après les autres. Les simples bruits, les simples odeurs suffisaient à se faire une idée de leurs utilités. Les discussions plus ou moins animées et les effluves de plats luxueux d'un restaurant. Les paroles grivoises prononcées par des voix gutturales et les relents de sueur et d'alcool d'un bar. Certaines choses demeuraient identiques d'un pays à l'autre. Ou presque. Le reste était aussi pareil, mais présenté de façons différentes. Les gens suivaient une mode, croyaient en quelque chose, écoutaient les mélodies du dernier artiste de leur région, comme à Londres. Mais ce n'était pas les mêmes vêtements, les mêmes religions, la même personne, la même langue. Toute différence était relative. L'adolescente regarda quelques boutiques, essaya de se faire comprendre de certains gens, renonça, commença à s'ennuyer, songea à rebrousser chemin, fut attirée par quelque chose qui retenait son attention, oublia.

De toute façon, elle était perdue.

Elle avait quitté sa chambre depuis un bon moment, déjà. Elle avait beaucoup marché, depuis. Lorsqu'elle jetterait un regard derrière elle, de son regard cobalt, elle ne trouverait rien de familier dans le paysage. Et elle ne tarda pas à en prendre conscience, sans avoir besoin de scruter les alentours. La fatigue la gagnait lentement. Donc elle était loin. Très loin. Elle ne paniqua pas. Tant pis. Elle se débrouillerait. Il lui suffisait de trouver comment. Elle s'arrêta et regarda autour d'elle, essayant de choisir quel chemin elle allait prendre. Elle se souvenait de ses derniers pas et aurait pu rebrousser chemin, mais ce qu'elle avait fait quelques heures plus tôt ne lui reviendrait probablement pas. Elle avait observé le monde autour d'elle, en ne se souciant que de progresser, sans tenir compte d'où elle allait. Soupir. Jillian se contenterait de rester là, immobile, jusqu'à ce que quelqu'un l'interpelle. Si quelqu'un venait. Puisqu'elle se trouvait désormais dans une rue coupée du monde. Il n'y avait plus de boutiques. Plus de gens. Le vide. Et elle. Rien d'autre.


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MessageSujet: Re: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyMer 16 Nov - 18:00

Peut-être que sa démarche nonchalante et son allure de gosse endurci par la misère pourrait expliquer bien des choses. Il s’avance et il s’en va, ne s’attache plus aux stimulations malsaines de ce monde. Il hausse les épaules devant une affaire en or, rigole aussi bien devant la joie que devant la mort. Il s’affole lorsque tout est calme. Il n’est qu’un spectre dérangeant sans aucune honte la quiétude de ces gens différents. C’est le Jabberwock, le Némésis du pays des merveilles. Il n’est pas rêveur. Le ciel, la lune, la misère affublée d’une ambiance festive ne l’emporte guère. L’argent fait son bonheur. Il faut dire qu’il se complait si bien dans le mensonge. Il y a comme un masque d’indifférence qui cache son visage et détruit peu à peu ses songes.

Il s’ennuyait. Dans le genre « royalement ». Seul l’ennui détenait autant de royauté. Et pour combler ce vide qui lui taraudait l’esprit, il regardait, fixant toujours l’invisible à travers l’apparence : la conscience. Il n’aimait pas les gens. Il n’aimait pas cet humanitaire traversant le dédale en offrant aux plus nécessiteux un peu de charité. Orgueil. Ni cette femme qui discutait au coin de rue avec son voisin. Luxure. Ni ce pauvre homme quémandant son pain pour le lendemain. Envie. Les anges d’ici cachent bien leurs vices.

Et le plus drôle est sans doute celui qui critique…

C’est ainsi qu’il se retrouva dans les alentours du quartier Sud du Caire. Zone désertique, polluée, indigente à outrance, vide de toute personne saine. Nuls artifices. La détresse luisait sur les visages des citadins désœuvrés. Ici la misère absolue, la pénurie à son apogée. Le bidonville se dessinait comme l’ersatz d’Atlantis, la cité qui se perdait peu à peu dans le sable et les déchets. Il s’y sentait dans son élément. Tant de pauvreté le réconfortait. Il n’y avait pas de touristes, pas d’étalage, pas de fleurs ou de décorations superflues. Aucun masque, aucun déguisement absurde. Pas l’ombre d’un quelconque luxe ici-bas. Pas un semblant d’attention de la part des passants. Les sept vices se dévoilaient ici avec un naturel déroutant.

Tu vogues,
Tu n’es que bout de chair simplement déplorable
Identité chancelant entre « inconnu » et « négligeable ».
Observant d’un œil méprisant ce peuple qui te dégoute
Toi qui partage depuis si longtemps leur route.

Il sourit. La misère l’amuse. La contradiction fleurit si bien ici. Ils survivent, sans but. Ils mangent, dorment pour espérer entendre leur cœur battre les jours suivants. Leur cœur battent pour qu’ils mangent, dorment, et entretiennent le cercle vicieux. Ils voient pour envier, pensent pour déprimer, parlent pour se rassurer. Sauf lui. Il vit pour se moquer de la vie des autres. Mais intérieurement. Car après tout, il n’est pas le Jabberwock ici, seulement un gamin honteux, fuyant la lumière et le regard des gens. Tout le reste n’est qu’introspection et fac-similé d’arrogance. Il crache sur sa chance de vivre, provoque sa perte et se nourrit d’adrénaline du haut de ses quinze ans.

Et quand j’y pense, tu étais vraiment un sacré connard Alvaro.


Hier bien entouré, aujourd’hui seul. Abandonner ses camarades à la police pour sauver sa peau ? Une solution qui s’imposait comme une suite logique. La constante fuite et l’appât du gain le poussèrent jusqu’aux sentines du Caire, plus au Sud. Trafic, arnaque, course, inactivité totale rythmait sa vie. Aujourd’hui comme demain ne sera pas un jour plus différent que les autres, pensait-il. Sa dernière escapade fut accompagnée pourtant de dommages collatéraux. Des plaies par-ci par là, qu’il laissait soigner librement à l’air ou qu’il cachait sous quelques bandages gâtés par les aléas. On le recherchait. Tout cela n’avait pas d’importance. Assis, le dos accoudé au chambranle d’une fenêtre, il observait les gens passer, pansant négligemment sa jambe droite, attendant distraitement la nuit pour refaire son apparition.

Car c’est lui, le démon de la nuit. Hurlant au fond de son être son besoin d’intimider, affirmant encore et toujours sa puissance avec la grâce d’un lâche juste trop buté pour avouer ses limites. Se mouvant comme un loup, se délectant déjà d’une proie non capturée.

Comme cet être à l’allure évanescente, perdue dans un monde qui n’est pas le sien.

Elle ne les voyait pas. Mais eux si, du haut des toits, par divers embrasures, à travers certaines ruelles. Lui aussi avait remarqué ce point blanc sur la page noire, perché du haut de sa lucarne. Cette chose qui n’avait nullement sa place ici. Qui clamait de tout son être qu’elle était une jeune touriste pure et innocente, sans doute riche, répondant aux critères de l’otage par excellence. Aussi remarquable que la lune qui éclairait sa peau diaphane. Fragile, soignée, son exact opposé. Elle marchait ici et là comme une gazelle s’aventurant d'une allure hasardeuse sur un territoire de fauves. La pauvre… Les autres enfoirés n’allaient pas tarder à la dépouiller.

Et lui observait là, de son sourire moqueur.

Let’s play.

Il quitte son perchoir. Il s’avance, sans un bruit, resserrant l’emprise de sa main sur ses dagues accrochées à sa ceinture. Son visage se teinte d’une expression issue du plus parfait orgueil, dialoguant avec lui-même dans un silence morbide. Il se fait représentant de son quartier à présent, guettant avec délectation le moindre signe d’effroi de la part de sa proie, lorgnant discrètement ses attributs féminins. Il la contourne dans un mutisme presque malsain, cherchant la présence d’une arme, caressant lentement les siennes. Il prend plaisir à insinuer la faiblesse de son vis-à-vis de ses gestes et de son regard. Il laisse planer le doute sur ses chances de survie. Pourtant, il n’est pas celui qu’il laisse paraitre. Il est agressif, mais pas un bourreau tourmenteur. Il est impitoyable, mais pas injuste. Et si sa tête ne semble pas connaitre autre expression que ce rictus sarcastique, il ne reste pas indifférent à ces iris azurs.

Il veut ouvrir le dialogue. Lui faire remarquer son audace. Il entrouvre la bouche, puis se ravise. Il peut se faire comprendre, mais son anglais est mauvais. Ça casserait le mythe. Alors il s’entête dans son mutisme, la toise de bout en bout en songeant à ce qu’il allait faire d’elle, frôlant déjà d’une de ses lames la volupté de sa joue gauche, parcourant doucement la délicatesse de son menton, avant de pointer l’arme vers le creux du cou. Juste pour stresser un peu plus Jillian, la jeune anglaise de quatorze ans qui aimait torturer psychologiquement ses parents. Un éclat de rire. Quelle ironie ! Il commence à comprendre le pourquoi de sa venue ici.

Oh oh. Une fugue ? Tu me plais. Ok. Je vais t’aider.

Il glisse sa dague entre les mains de l’adolescente, lui offre généreusement cette petite compensation à son impuissance, avant de continuer sa route vers le centre-ville. Il se retourne brièvement vers elle, croise ses prunelles bleues avec un brin de malice, comme une invitation. Comme un chantage tacite. Viens, suis-moi. Je ferais de toi mon otage et tu riras bien de voir tes géniteurs se noyer dans leurs peurs. Tu découvriras la ville, le Nil, sereine, tranquille, pendant que l’angoisse les assassinera. Ou reste la proie de ces loups qui ne regardent que toi.


Dernière édition par Jabberwock le Lun 12 Déc - 16:15, édité 1 fois
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Lilium
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MessageSujet: Re: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyJeu 1 Déc - 2:12


Un silence étouffant. Rien d'autre. C'était étrange. Trop calme. Comme si cette partie de la ville était coupée du monde. Jillian retint sa respiration. Oublia le monde, s'oublia elle-même pour prêter attention à ce qui se passait autour d'elle. Un léger bruit, presque inaudible, à une certaine distance. Un animal, probablement. Puis, plus rien. Le calme revenait, intangible souffle de néant. Le silence était fils du vide. L'absence de personnes, de vie, devenait presque palpable à cause de celui-ci. Que ce soit parce que la tranquilité engendrait un flot de pensées, le retour d'âmes oubliées, perdues. Ou que ce soit par l'inactivité du monde, l'arrêt complet de tout mouvement, tout signe de vie. Le ralentissement mensonger du temps. Illusion. L'impression que les minutes devenaient des heures. Ennui, lassitude ou apathie. L'adolescente soupira. Elle aurait pu s'acharner à chercher son chemin, mais elle savait que c'était inutile. Autant garder son énergie pour autre chose. Même si elle ne supporterait pas de demeurer inactive bien longtemps. Déjà, on pouvait voir que ses orbres d'azur parcouraient doucement les environs. Se posant sur l'infini. Vaste manteau bleu piqueté d'étoiles. Dont l'astre veillait, témoin muet des pires méfaits et des plus belles histoires. Détaillant distraitement les bâtiments qui se trouvaient à ses côtés, sans leur trouver d'utilité. Leurs murs froids ne ressemblaient en rien à ce que l'on retrouvait à Londres.

La jeune fille revint à la réalité. Une brise légère venait caresser ses cheveux et elle réalisa que la température avait ostensiblement baissé, depuis le coucher du soleil. Elle savait pourtant que dans ce pays la fraîcheur s'unissait à la lune pour lutter contre le soleil et sa chaleur. Elle avait dû l'oublier dans son empressement à préparer son évasion. Tant pis. Ce n'était pas la première fois qu'elle était malmenée par le climat. Peut-être qu'elle aurait dû regretter. Prendre le fait qu'elle s'était perdue, le fait qu'un léger frisson venait de la parcourir comme des signes d'un quelconque retour des choses, d'un reproche du destin. Mais elle ne s'en préoccupait pas réellement. Tout était mieux que de rester là-bas. Elle étouffait, avec eux, dans une chambre dont le luxe la rendait malade. Un bonheur falsifié dans une cage dorée.

Jillian retint un mouvement de surprise. Quelqu'un approchait. Elle ne l'avait ni vu, ni entendu. Elle ne savait même pas d'où il venait, exactement. Son regard se posa sur lui, suivant ses mouvements tandis qu'elle gardait le silence. L'adolescente remarqua presque aussitôt les armes qu'il effleurait doucement. Elle se raidit, plongea ses yeux dans les siens pour ne rien laisser paraître, se laissant hypnotiser par leurs teintes disparates. Faisant attention à ne pas s'y perdre puisqu'ils n'exprimaient qu'ironie. Son regard soutint le sien lorsque l'inconnu passa lentement autour d'elle. Si elle arrivait à maîtriser ses réactions, son coeur, battant frénétiquement dans sa poitrine, lui rappelait que sa vie se trouvait entre ses mains. Elle le vit se rapprocher d'elle, silencieux comme une ombre, et bientôt, elle sentit le froid du métal tranchant contre sa joue, glissant jusqu'à son menton d'une caresse morbide, se rendant jusqu'au creux de son cou. Elle frémit. Serra les dents. Ferma les yeux. Oublia leur valse avec ceux de l'Égyptien. Ne ressentant plus que la fraîcheur de l'arme sur sa peau, la finesse de la lame l'effleurant.

Elle les rouvrit lorsqu'elle ne sentit plus rien. Elle aurait dû s'enfuir. Immédiatement. Au plus vite. Mais l'intrigue pris le dessus. L'adolescent déposa son propre poignard dans les mains de Jillian, qui se remit à suivre chacun de ses gestes des yeux, sans comprendre. Elle hésita à le suivre quand il s'éloigna, par pure curiosité. Mais renonça. Trop dangereux. Pourtant, un léger sourire en coin, espiègle, se dessina sur son visage en réponse au regard que lui lança le garçon. Elle glissa l'arme qu'il lui avait prêtée dans deux passants de son pantalon, trop court pour une soirée fraîche, voulant ainsi lui prouver qu'elle ne comptait pas l'utiliser pour une vengeance quelconque, puis le rattrapa. Elle avait la désagréable impression d'être bien maladroite, dans ce monde qui lui était étranger, alors que lui s'y fondait avec une aise fascinante. Mais elle devait se pardonner elle-même. Ils étaient si différents. Difficile de dire s'ils étaient compléments ou opposition. Même si la nuance entre les deux n'était parfois qu'illusion. Elle arriva à sa hauteur, s'approcha un peu de lui, passa distraitement une main dans ses cheveux et le regarda pendant qu'ils avançaient.

    ▬ Où allons-nous ?


Moi, je te suis. J'ai plus confiance en toi qu'en moi-même, en ces lieux. Elle espèrait qu'il comprenne un peu sa langue. Jillian ne connaissait que quelques phrases en arabe. Ses parents disaient toujours que l'anglais était une langue maîtrisée par nombre de personnes, qu'il suffirait à chacun de leurs voyages. Elle ne les avait pas crus, mais avait laissé tomber, pour une fois. Elle verrait ce qu'elle pourrait apprendre avec les habitants de chaque ville qu'elle visiterait. La voyageuse regarda l'horizon, devant elle, cherchant un repère, une preuve de son passage dans les environs, plus tôt. Rien. Soit elle ne se souvenait pas, puisqu'elle y était passé il y avait un bon moment maintenant, soit elle n'y avait jamais mis les pieds. Elle ne savait pas ce qu'il voulait faire d'elle. Mais, seule, elle ne savait pas où se rendre. Les deux choix demeuraient risqués, tout autant l'un que l'autre. Autant choisir la compagnie fascinante de l'inconnu, le laisser bercer son voyage d'un doux mystère. Elle oublia ses parents, sa vie à Londres, sa fugue, ses craintes. Elle s'abandonna au rythme de la vie, se laissa guider par un quelconque destin, qu'il soit hasard ou chemin tracé. Advienne que pourra.
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MessageSujet: Re: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyLun 12 Déc - 22:24

« Où allons-nous ? » C’était la question que tu te posais souvent Alvaro, lorsque tu t'enlisais dans tes vices, lorsque tu ne savais plus vraiment ce que tu allais devenir après avoir touché les bas fonds. Ce genre d’interrogation qui te posait devant une réalité que tu fuyais de toute ton âme. Partout et nulle part, tantôt à droite, tantôt à gauche, tu avances et tu recules. Et au final tu tournes en rond. Sans comprendre par où tu es passé pour en arriver à là. Se perdre, une philosophie. Contredire le monde, ton mode de vie. Un mode de vie qui t’offrait un semblant d’activité, de mouvement. Mais ta situation elle, restait inchangée.

Courir vite pour rester sur place, n’est-ce pas ?


Il hésitait. Où allons-nous… Où une jeune fugitive aimerait se rendre ? Visiter... Visiter… Il n’y avait que les touristes aisés pour « visiter » sans autre but, juste comme ça, pour voir. Une activité un tantinet inutile, présente pour remplir les caisses de l’Etat et assouvir l’orgueil du pays. Une perte de temps. Il n’était pas foncièrement pressé ceci-dit. Il bifurqua à chaque intersection de ruelles, empruntant encore et toujours des voies étroites, avançant de son pas lent, lorgnant discrètement de temps en temps la compagnie qui marchait à son allure. Sans un mot, sans une réponse. Laissant la jeune anglaise dans un doute qui se montrait de plus en plus pesant au fil de leur progression. La seule assurance de sa survie restait cette dague qu’il lui avait offerte généreusement. Ah oui, c’est bon, il sait où il doit aller à présent. Vers une ruelle dégoutante. Qui cachait un endroit tout aussi dégueulasse : son repère. Il admirait la tranquillité de cette charmante étrangère. Sourire mesquin.

- Attends ici.

Son accent très marqué, volant presque le charme des Espagnols, accompagnait les grincements d’une porte métallique qui résistait à l’ouverture délicate d’Alvaro. Coup d’épaule. Try again. Coup de pied. Voilà. Bienvenue chez moi demoiselle. Il n’était pas naïf non plus pour croire qu’elle allait rentrer sans se poser de questions. De toute manière, il ne voulait pas s’attarder ici. Pas dans cette salle en ruine plongée dans une semi-obscurité, où les armes, les canettes vides, les déchets et des restes de butins non appréciés par le gouvernement régnaient en roi. Un putain de repère terroriste. Charmant. Mais ouiiii... Archaïque comme décoration, tout de même, non ? L’avantage avec une telle tanière cachée dans les abysses de la pauvreté, c’est qu’il n’y avait pas de voisinage embêtant. Pas de voisinage en fait. Pas d’inconscients non plus pour venir lui chercher des noises, pas de voleurs, pas de facteurs, pas de policiers, pas de poneys. Rien. Juste lui, ceux qu’il voulait inviter, et les rats. Bon.

Où est le téléphone ? Ahhh.


Dans le carton des objets volés trouvés, évidemment. Un dernier modèle tactile, neuf, avec forfait. Le must, trouvé malencontreusement dans la poche d’un fauteuil roulant d’un gamin alors que sa maman conversait. No scrupule. Bref, il avait rejoint Jillian avec le même sourire mauvais. Sans vraiment se demander si elle allait adhérer à son trip. Ce n’est pas comme si elle avait le choix n’est-ce pas ? Il s’était contenté d’exposer le portable devant les prunelles azurs de la jeune fille, histoire de lui montrer quel genre de mec il était. Siiii tu sais... Le délinquant dans toute sa splendeur, qui prend et ne donne jamais, qui viole les lois sans payer ses crimes, qui croit sincèrement que cela durera une éternité. Tant qu’il aura des jambes pour courir et des mains pour cogner. Voilà. Ce genre de mec là. Tout. A. Fait. Mais le destin va le rattraper, il le sait, il le sent. Douleur. Sa jambe enfle. Il ne sourcille pas pour autant. Il s’assoit près de la porte, mine de rien. Roule une cigarette en faisant semblant que tout va bien, qu’il maitrise encore la situation. Peut-être que le tabac aura raison de lui avant qu’il ne finisse mort comme un chien ou enfermé en prison. Peut-être…

- Et si on appēlait tes paŕents, histoiŕe qu’ils nē s’inquiètent pâs ? Hmm ?

Il songeait à la suite, tapant distraitement les chiffres sur le petit écran. Jusqu'à un numéro. Celui de l’hôtel le plus proche d’ici. Personne ne négligeait les avertissements. Mais tout le monde allait répandre la nouvelle comme une trainée de poudre. Les kidnappings devenaient trop courants pour que cela intéresse les médias ou le gouvernement. Police du bled ici. Sans technologie de pistage digne du NCIS. C’était à peine s’ils pouvaient retrouver un indice avant qu’elle ne finisse dégradée par leur incompétence. C'était peut-être pour ça qu'Alvaro ne prenait pas plus de précautions. S'en remettre à sa bonne étoile c'est ça ? Bip. Ça décroche.

« Allo ? Bonsoir, je… crois qu’un dē vos clients a peŕdu son enfant, paŕce-quē j’ai en ma compagnie ûne jeune fille què a eu la chance de me tŕouver. Vous compŕenez n’est-ce pas ? Lē lieu dē tŕansaction se feŕa à la place El-Sayeda Nafissa. Il mē faudŕait dix milles livŕe (env. 1250€) cē qui n’est pâs chèŕe payé pouŕ la vie d’une innocente. Disons, quatŕe heuŕe dü matin. Pas la peine dē vous diŕe ce que la fille deviendŕa si la police est au couŕant. Je vous rappelleŕais pouŕ vous expliquēr la pŕocéduŕe. »

Fin du message. Éclat de rire. Il se savait complètement fou pour chercher la merde comme il le faisait. Il aimait ça. Et à elle, ça lui servira. Si t'es parents ne paye pas, je comprendrais pourquoi tu as souhaité les fuir. Coup d’œil sur l’heure. Minuit et demi. Soupir satisfait.

- J’ai tŕois heures et dēmi pouŕ t’appŕendŕe à fuguer.

Oh, il avait le don pour se fourrer dans des problèmes, c’est vrai. Surtout qu'il s'en foutait un peu de la somme. Jouer. Et aller jusqu’au bout. Ouai. Lui apprendre à s’en sortir malgré les misères de la vie, trouver son pain, sa voie, fuir la police. Oui, pour une fois, il voudrait oublier cette face sinistre qu’il exhibe sans décence. Essayer autre chose. Il expire lentement la fumée. Bonheur. Par quoi commencer ? Ah oui, le matériel nécessaire. Pause. Son regard scrute son corps dans les détails. Pauvre petite, si mal équipée… Espérait-elle vraiment partir loin ? Il se relève. Len-te-ment. Ne pas brusquer sa jambe. Chercher du matos. Une veste ici, un stylo, un briquet, des babioles dans les poches. Pas grand chose. Téléphone qui sonne. Les parents sont au courant à présent. Ils veulent une preuve que Jilian est en vie. Ha ha ! La bonne blague… L’oriental lui tend le portable. Rictus malicieux.

- Tû sais jouēr la comédie ?

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MessageSujet: Re: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyLun 19 Mar - 0:21


Elle avançait, calme. Elle regardait autour d'elle, frôlant des yeux ce qui passait à sa hauteur. Jetant un oeil à son guide par moment, sans insister sur ce qu'elle lui avait demandé, se laissant entraîner. Ironie du sort pour quelqu'un qui s'était battu pour suivre sa propre voie, le temps d'une nuit. Il fallait parfois admettre que la solitude avait ses désavantages, elle aussi. Elle ne savait pas où elle allait, elle ne savait qu'à peine avec qui elle y allait, mais cela n'avait pas d'importance. Elle avait réussit. Elle avait quitté son monde monotone bourré de restrictions. Maintenant, les paysages alentours changeaient au fur et à mesure qu'ils défilaient devant elle. Quartiers miteux aux accents de l'Orient, à la fois semblables et totalement différents de ceux que l'on retrouvait dans les bas-fonds de Londres. Ils semblaient de plus en plus négligés, de moins en moins invitants. Jillian n'aurait pas su dire, cependant si c'était une illusion causée par le faire qu'elle ne s'y sentait pas à sa place - pour le moment - ou si c'était la réalité. Elle n'avait pas spécialement conscience des risques qu'elle courait, que sa vie se trouvait presque entièrement entre les mains d'un inconnu, seulement elle se sentait comme une étrangère. Ce qu'elle était, après tout. Une étrangère qui, pourtant s'entêtait à ne pas regretter l'appaisante, l'étouffante familiarité de sa chambre d'hôtel.

Le garçon s'arrêta. S'adressa à elle. Jillian revint brusquement à la réalité.

    ▬ Attends ici.


L'adolescente se tourna vers lui, puis jeta un oeil à la pièce qui s'ouvrit péniblement, la balaya du regard. Elle distingua quelques formes vagues dans la quasi-obscurité, seulement. Rien de précis. Elle se demanda un instant comment il arrivait à se retrouver dans le chaos des objets probablement volés, infimes parties matérialistes des vies de divers inconnus. La caverne aux trésors dont seul l'habitant connaît les secrets. Elle renonça à identifier ce qui s'y trouvait et se contenta d'attendre, écoutant d'une oreille distraite les bruits qu'il faisait en fouillant dans la salle. Bientôt, il revint vers elle, sourire aux lèvres qui attisa un éclat de défi dans le regard de la jeune fille. Elle ne le craignait pas, ou plus, dans l'instant. Il tenait un téléphone, le passant sous ses yeux. Oui, elle savait. Qu'en voulant s'éloigner de sa propre routine elle s'était jetée dans un univers complètement différent du sien. Et qu'elle se trouvait avec le parfait artisan des crimes perpétrés dans les alentours. Celui qui hantait les sombres rues d'Égypte en pillant leurs trésors. Il fallait dire que, là, maintenant, alors qu'il s'asseyait lentement, cigarette entre les doigts, il aurait pu passer pour n'importe quel citoyen sans histoire, si l'on ne s'attardait pas aux détails. Mais tout le monde était banal, si l'on ne s'attardait pas aux détails, comme tout le monde n'était qu'une carcasse vide si l'on enlevait histoire, convictions, caractère, rêves. Si on enlevait ce qui les rendait individus.

    ▬ Et si on appēlait tes paŕents, histoiŕe qu’ils nē s’inquiètent pâs ? Hmm ?


Ses parents ? Le regard de l'adolescente devint froid. Elle se méfiait. Elle resta là, pourtant. Se retint de lui dire de faire attention à ce qu'il faisait, qu'elle saurait très bien se débrouiller toute seule - et que se perdre était tout à fait prévu au programme, biensûr. Elle attendit, simplement, pendant qu'il tapait sur l'écran tactile. Se laissa bercer par le charme de son accent en écoutant ses paroles. Il s'adressait à l'hôtel où elle séjournait. Une histoire de rançon. Un rendez-vous. El-Sayeda Nafissa. Elle grava le nom de l'endroit dans sa mémoire, même si elle ne savait ni si elle y était passée, ni si elle s'y trouvait, ni si elle s'y rendrait. Ça lui serait peut-être utile, si elle finissait par se retrouver seule à nouveau.

    ▬ J’ai tŕois heures et dēmi pouŕ t’appŕendŕe à fuguer.


Sourire en coin. Regard espiègle.

    ▬ Bonne chance.


Silence. Tandis qu'il se relevait doucement et qu'elle le détaillait, en cherchant la raison de ses précautions. La sonnerie du téléphone l'interrompit dans ses obervations. Ses parents. Elle soupira. Jouer la comédie ? À son tour, donc. Here we go. Elle porta l'appareil à son oreille et reconnut la voix de sa mère, sur le même ton qu'elle avait lorsqu'elle revenait trop tard d'une fête entre amis, ou lorsqu'elle ne la prévenait pas de ses intentions de changer ses plans lors d'un évènement. Jillian dut l'interrompre pour parler, faisant bien attention à accélérer le rythme de ses mots, pour l'effet, à y ajouter de l'incertitude, pour la crédibilité.

    ▬ Je.. Vais bien, je crois.. Pour l'instant. Elle se tait. Écoute. Mmh, j'crois pas. J'préfère éviter.. Je ne sais pas Voix dans le téléphone. Oui. Faites vite.. S'il vous plaît. Ton suppliant.


Elle raccrocha. Court rire ironique. Elle tendit le téléphone à l'Égyptien.

    ▬ Ils veulent que je négocie avec toi. Magnifique, non ?


Elle balaya les alentours de ses orbes cobalts, comme pour tenter de deviner quelle direction ils allaient prendre ensuite. Puis les posa à nouveau sur lui.

    ▬ Bon. Je te suis moi. Montre moi ce que tu peux m'apprendre.


Éclat de malice. Sourire de défi. Une once de courage.. Ou une once d'insouciance.
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Jabberwock

Jabberwock

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MessageSujet: Re: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyDim 29 Juil - 2:54

[ A 5H DU MAT ! *se sent fier* ]

De l’orgueil. Aucun plan, aucune suite, aucun mot au bout de la langue, si ce n’est que devant ses yeux, ce crime qui se dessinait peu à peu comme une esquisse. Comme l’œuvre futur d’un vieil artisan. Avec comme seul arme une imagination impertinente, l’expérience du délit, un visage insolant qui affronte d’un air cynique une pseudo-justice. Il se retourne vers elle. Lui offre un demi-sourire approbateur. Si tu savais. Si tu savais dans quelle merde tu te fourrais. Tu en rirais. Tu en rirais comme il rit actuellement de cette réponse. Négocier. On ne négocie pas avec un diable. On accepte et on ferme sa gueule. On paye. On supplie sa clémence. On prie à ce qu’il se daigne rendre votre bien. Mais on ne marchande pas. Et c’est comme ça qu’on vit pour la première fois…

Le Jabberwock se prendre d’un fou rire.

Non. Pas un éclat d’amusement teinté de sadisme et d’ironie.

Plus la mélodie d’une solution toute construite, tout droit sorti d’un esprit satanique. Il avait envie de les faire chavirer. De les rendre fous. Aussi fous que lui. Mais sans ce sourire morbide. Direction la boucherie.

Si tu savais. Si tu savais dans quelle merde tu te fourrais. Tu en rirais.


Tu en rirais comme il rit actuellement de la rue qu’il empruntait. La rue marchande, desséché jusqu’à la moelle de sa clientèle. Ces terres semblaient faire fuir le Ciel. Ce ciel qui éclairait que trop vaguement ces sombres marchands, plus mendiants que commerçants, tendant leurs produits aussi douteux que leur provenance. La présence de l’étrangère les affole. Ils semblent interpeler ce qu’ils considèrent n’être qu’un paquet d’argent aux cheveux long. Et lui qui continuait sa route vers cette boutique qui se dessinait dans l’obscurité. Il s’agissait bien de l’abattoir du quartier, vendant dans la journée leur chair comestible devant leur porte d’entrée. Le sang frais se dessinait en flaque sur le sol sablonneux et à peine couvert de dalles. Peut-être qu’elle balise, peut-être qu’elle va crier. S’époumoner jusqu’à alerter toute la ville. Elle est perdue. Elle est finit. Elle, seule avec son bel escroc. Encerclée de malfrats, marchant sur ce liquide immonde et ruisselant jusqu’aux égouts nauséabonds. Il se délecte de l’horreur qu’il imagine sur ses traits délicats.

Si tu savais. Si tu savais dans quelle merde tu te fourrais. Tu en pleurerais.


Il s’arrête. Il la regarde et dans ses prunelles, toute la barbarie du monde semble s’abattre sur elle. Sourire de loup. Regard de monstre. La naïveté, un putain de leurre qui l'attirera dans sa tombe. Elle n’est qu’un corps froid et trop pâle cachant un cœur battant à tout rompre. Elle est morte. Elle est vivante. Un peu des deux, ni l’un ni l’autre. Jilian... Jilian et son courage alléchant, Jilian et ses galbes séduisants. Oh Jilian… Seule dans cet univers post-apocalyptique, où toute sa logique d’anglaise se voit bafouée. Accompagné de sa pathétique lame vorpaline. En face de son démon qui semblait presque vouloir la violer. Le Jabberwock s’approche, le rictus s’adoucit, lui fait oublier le mur derrière elle. Ohh siii… Et si ses lèvres se décidaient à frôler son oreille délicate ? Alors que son corps s’appuyait contre cette peau d’albâtre. Ses murmures la caressent physiquement, la tuerait presque mentalement. Première leçon.

- Oublie tes amis, la famille, la sécurité illusoire de la police…

On sourit, on s’enchante d’une présence, feintant à merveille ce que les gens semblent appeler la confiance. C’était trop facile. Il entreverrait presque cette peur délicieuse propre aux vierges désillusionnée. L’émoi fait scintiller ses deux perles d’aigue-marine. Il est temps de l’achever.

- Tu es seule maintenant ~

Alors sa main s’attarde doucement sur la joue de celle-ci, pendant que l’autre lui retirait doucement la lame coincée entre les passants. Et avant même qu’elle réalise que tout était déjà fini, la dague se pointe au dessus de sa poitrine, descend d’un coup sec, déchire le haut de la fugitif. Le tissu tombe et seuls les froissements se laissent entendre. Le Jabberwock s’était retiré, un éclat de rire naquit.

- Tu peux encore retourner vivre chez les bourges si t’en peux déjà plus !

Il lui balance la veste comme on jetterait une pute de chez soi, se désintéresse royalement de cette chair mise à nue, ramasse l’étoffe, la trempe dans le sang. Voilà ce qu’il voulait. Un cadeau foireux pour ses parents. Montrer aux Harris comment les Al’Cahide négocient. Simplement. Et il s’en fout comme de l’an 2000 de cette intimité violée qui se montre devant lui. Elle va courir, elle va s’enfuir. Son regard se pose sur le chandail entre ses mains. Demi-sourire.

- Si tu te casses, les autres qui t’ont vu seront moins cléments que moi. Dans ton intérêt, tu devrais me suivre, maiiiis je ne te retiens pas.

Et il rit. Encore.





Si tu savais. Si tu savais à dans quelle merde tu te fourrais. Tu ne resterais pas avec moi...


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Lilium
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MessageSujet: Re: Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby Je voudrais habiter dans le monde entier... | Jabby EmptyLun 3 Déc - 19:46



Beware the Jabberwock, my son !
The jaws that bite, the claws that catch !

Elle le suivit. Parce qu'elle n'avait pas de meilleure solution. Parce que l'innocence de sa jeunesse se reflétait encore dans ses réactions. Une âme pure ne se tache que peu à peu des saletés du monde. Une simple évasion ne noircissait pas ce qui était d'un blanc presque trop intact pour être réel. Un blanc dont on connaissait le destin, que nous pouvions presque déjà voir se souiller sous nos yeux, tant l'évidence de ce qui arriverait nous frappait, monopolisait notre esprit. Le pouvoir de l'esprit sur nos sens, qui influence tout ce que l'on voit, ce que l'on sent, ce que l'on goûte. C'est car on parle du loup que l'on croit en voir le bout de la queue. Illusion que l'on se crée soi-même. Toutes les histoires de fantômes n'étaient que des mensonges que de pauvres gens s'imposaient eux-même. Par espoir vain, envie vaine de revoir un proche. Ou par peur immense de voir une entité maléfique s'en prendre à soi. Se raconter des frayeurs et se croire. Se croire si fort que l'on voit nos craintes se profiler progressivement devant nos yeux écarquillés d'effroi.

Elle le suivit. Parce qu'autour d'elle des lieux inconnus défilaient sous ses yeux. Elle ne saurait pas où aller si elle se retrouvait seule. Il lui faudrait un guide de toute façon. En chercher un autre la ramènerait à pire. Ou une impression de mieux, qui ne serait qu'une façade, mais qui ne changerait rien à ses risques. De pire en pire ou du pareil au même, le choix n'était qu'une fausse option. Autant se laisser guider par le hasard. Ou un destin qui avait l'esprit du façonnier de l'horreur, qui se régalait des réactions frissonnantes qu'il provoquait chez ceux qui assistaient, participaient, se soumettaient à ses œuvres.

Elle le suivit. Et peu à peu, Il la fit sombrer dans Son monde. Monstre de l'ombre qui règne sur les rues les plus noires du pays de vos songes, de vos cauchemars. Qui vous attrape entre Ses griffes et vous mords l'âme en lui déchiquetant tout espoir. Qui vous fait chavirer dans le froid brûlant de Son univers. Cet endroit à glacer les entrailles qui vous ramènent brusquement à la réalité alors que vous vous baignez de douces illusions. Une brusque entrée dans le monde impitoyable de la rue lorsque vous berciez doucement dans le monde du luxe et du confort de la richesse. Au fond, Jillian ne pouvait se plaindre. Elle était gagnante. Elle l'avait quittée, cette bulle dorée formée par des années d'économies familiales qui l'étouffait peu à peu, comme si elle se resserrait progressivement sur elle. Mais à quel prix, ça par contre.. Seul son jeune bourreau le savait, et ce s'il n'agissait pas que par impulsivité.

Autour d'elle, il n'y avait plus rien de connu, plus rien auquel se rattacher. Derrière elle, la pénombre de la nuit n'était traversée que par quelques lueurs de lune, le silence par les appels des marchands qui tentaient d'attirer la jeune fille dans leurs filets, jalousant celui qui l'avait déjà fait. Devant elle se dessinait un bâtiment étrange, vers lequel se dirigeait son voleur de rêves, et vers lequel elle se dirigeait aussi, du même coup. Une forme imposante à vous faire frémir se découpant dans l'obscurité. Elle ne voyait pas grand chose. Pourtant, elle distingua un liquide sur le sol. Elle ne l'aurait pas identifié si elle n'avait pas été frappée par l'odeur du lieu. Une odeur de mort. Une trace que la Faucheuse avait laissé derrière elle. Du sang. Elle ne savait pas de quoi, de qui. Elle ne voyait presque rien. Elle ravala sa salive pour étouffer le frisson qui lui chatouillait la nuque.

Alors qu'elle tentait d'apaiser elle-même son esprit, il s'approcha. L'adolescente releva le menton et affronta son regard, cachant ses craintes. Sans ciller. Pour le moment. Malgré le sourire de l'Égyptien qui n'annonçait rien de bon. Elle le sentit finalement de plus en plus près d'elle, elle le sentit lui effleurer l'oreille de ses lèvres, lui effleurer le corps du sien. Elle frémit. Lorsqu'il parla, son propre regard la trahie, le temps d'un instant. Juste assez pour qu'il le sente. Elle se ressaisit. Tenta de se ressaisir. Elle ne craquerait pas si facilement. Même si, oui, elle était seule maintenant. Même s'il caressait sa joue. Même s'il lui retira la seule arme qu'elle avait sous la main. Même s'il s'en servit pour lui arracher son maigre vêtement. Elle ne réagit pas. Trop concentrée à maintenir un calme factice de sa respiration. Elle le regarda tâcher de sang ce qu'elle avait porté. Elle l'écouta lui parler des autres, de ceux qui rôdaient. Elle inspira. Ignora son coeur qui battait fortement dans sa poitrine, son sang qui battait à ses tempes. Tentant de cacher ses émotions du mieux qu'elle le pouvait. Il n'y avait que la peur, tapie au fond de son regard, qui pourrait la trahir. Tant pis. Elle ne voulait pas qu'il n'ait ce qu'il voulait si facilement. Peu importe ce que c'était.

    ▬ Les autres ? Oh, quelques billets entre les doigts et la plupart des gens deviennent dociles, voire très gentils...


Demie vérité. Oui, elle s'était déjà servie de son argent, ou plutôt d'argent volé à ses parents, pour soumettre des gens dont elle ne connaissait même pas le nom. Mais, sur le moment, elle n'avait pas l'ombre d'une petite pièce sur elle. Tout était resté dans sa chambre. Elle n'avait pas jugé nécessaire d'aller fouiller les sacs de sa mère pour y prendre un peu de son pouvoir en papier. Son coeur cognait encore dans son ventre. Elle le sentait. Il fallait dire que de jouer les bourges détestables devant un jeune de la rue était plus insouciant que courageux ou même utile. Mais n'était-ce pas la voie de l'insouciance qu'elle avait suivie depuis le début ? Par peur ou par naïveté ? Difficile à dire. C'est dans le même sens qu'elle profita de la proximité du jeune homme*. Elle le giffla. Simplement.

    ▬ Tu vois ? La force c'est trop facile, trop banal.


Quand l'adrénaline de la peur vous fait découvrir de nouvelles forces et vous pousse à agir comme vous ne l'auriez jamais fait pour vous sauvez la peau, vous pouvez remercier le ciel de la chance d'avoir un bon mécanisme de défense. Quand elle vous fait découvrir de nouvelles forces et vous pousse à agir comme vous ne l'auriez jamais fait pour vous enfoncer encore plus dans le fossé de vos malheurs, vous pouvez déclarer vous appeler Jillian Harris. Celle qui, le coeur battant, la peur dans le regard, provoquait elle-même celui qui détenait sa vie entre ses mains.

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