Quand je souffle, la buée forme un cœur en forme de fesses sur la vitre de mes lentilles. Ça me fait marrer. Tu me regardes avec cet air que je vois tous les jours depuis Dieu-seul-sait-combien-d'années, je te prend le bras pour te dire une blague débile, ta réaction me refait marrer. Mais l'aiguille qui se fraye un chemin dans les couches de mon épiderme, dans le quasi-creux de mon coude gauche, tu sais, là où y a le petit grain de beauté que tu aimes bien embrasser, l'aiguille, elle, elle est inébranlable pour mes rires et tes haussements d'épaule. Quand je souffle les nuages emplissent mes veines jusqu'à dans les dix mille milliards de millions de trillons de je sais pas quoi de miroirs dans mes yeux. Lucy in the sky with diamonds.
C'est un peu plus nivelé que de la drogue normale. Je sais pas ce qui se passe dans nos veines quand on fait ça mais y a trop de choses dans ma tête pour y penser. Il y a les couleurs de tous les arc-en-ciel de tes lèvres qui ondulent et se déplient et se redéplient, je peux pas détacher mes yeux de ça, il faut que j'y goûte même, ça a une saveur de vin, je ne veux laisser passer aucune goutte.
Non, ne me regarde pas. Ne me dis pas ça. Ni ça. Oui, ça c'est bien. Redis-le. Avec plus de douceur, mon amour.
Viens.
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