Il y a quelques mois, à l'extérieur.

"Tu es sure que c'est ce que tu veux ?"
"Oui, je suis désolée..."
"Tu n'as pas l'être, chacun doit suivre son chemin et faire sa vie, et puis tu reviendras nous voir de temps en temps, c'est pas à l'autre bout du monde, et il y a le téléphone."
"Oui oui, il y a le téléphone ..."
Des larmes coulaient sur leurs deux visages. Elles restèrent silencieuses, chacune taisant au mieux sa tristesse, pour ne pas faire souffrir l'autre.

Quelque mois plus tôt encore.

"Mildred?"
La jeune fille fermait son dernier livre. Elle posa doucement une de ses mains dessus et se leva pour faire face à son professeur. Elle l'intérogea du regard.
"Quelques personnes ont pris contact avec moi. Elles souhaiteraient que vous jetiez un oeil sur leur projet de recherche."
L'homme lui tendit un dossier consistant, marqué de la mention "confidentiel" et "top secret". La blonde le prit, hésitante et l'ouvrit pour en vérifier le contenu. Il y avait écrit, en lettre d'imprimerie, au centre de la première feuille: "Projet Epsway". Elle plongea de nouveau son regard dans celui du vieil homme, interloquée. Il poursuivit alors son discours.
"Ils cherchent des personnes compétentes pour mener, je les cite, le plus grand des projets de recherche jamais mené jusqu'à lors. Ils savent que vous n'avez pas tout à fait terminé vos études. Apparement ce n'est pas un problème pour eux, ils sont persuadés que vous vous adapterez à merveille."
Mildred referma le dossier.
"Vous en pensez quoi ?"
L'homme soupira. Il y eut un silence, puis finalement répondit, l'air maussade.
"Je n'ai pas eu le droit de lire le dossier, et je ne l'ai pas fait; tout ce qu'on ma dit, c'est que ce projet de recherche est axé sur le cerveau. Vous avez une facilité déconcertante sur le sujet et ni moi, ni mes collègues n'ont vraiment de nouvelles choses à vous apprendre sur celui ci. Peut être que vous apprendrez bien plus là bas que tout au long de votre vie. Ce sont des personnes sérieuses, et de confiances, mais il faut que vous sachiez qu'un fois que vous aurez accepté, vous ne pourrez plus faire marche arrière."
Aussi étrange que ça puisse paraitre, le caractère méfiant de l'étudiante fit place à l’excitation.
"Ce sont des gens de confiances?"
"Oui."
Mildred réfléchit un instant, hésitante à s'engager, sans savoir quel était ce fameux sujet de recherche. Le professeur, voyant son élève pensive, s'empressa de rajouter:
"C'est la chance de votre vie, et vous n'aurez pas d'autre proposition comme celle ci."
Mildred rangea le dossier avec son livre dans son sac, et mis fin à la conversation.
"C'est d'accord."


Première semaine à Epsway.

"Maman, Papa,

Le changement de climat est radical. Je ne parle pas forcément du temps, bien qu'il fasse plus gris ici. Je n'ai pas encore eu l'occasion de rencontrer tout mes collègues, mais certains ont l'air sympa, quant aux autres, je ne préfère pas me prononcer ... Je ne peux pas vous parlez de ce que je fais, sinon ma lettre ne vous parviendra pas, mais sachez que c'est passionnant, et que je suis déjà bien avancées dans mes recherches. Je pense que mes supérieurs ne regrettent pas trop de m'avoir engagé, du moins pour l'instant. Quant à moi, je ne regrette pas d'avoir quitté la faculté, je fais des choses bien plus intéressantes ici. Les patients que j'examine ont le talent de toujours me surprendre, je ne m'ennuie pas.

Le bâtiment est un peut morne, ainsi que ma chambre. Mais d'ici quelque semaines, je pense l'aménager à mon gout. Je serais un peu comme chez moi.
Même si je dis que tout est passionnant ici, ça ne m’empêche pas de penser à vous, et de pleurer de temps en temps, quand la nuit tombe. Vous me manquez déjà énormément. J'ai hâte de vous revoir très bientôt.

Je vous aime.
Mildred

PS: Il n'y a pas de téléphone ici, pour la santé des patients. N'essayez pas de me joindre sur mon portable, il a été écarté du bâtiment à mon arrivée, toujours pour la santé des patients."