Il s'était réveillé dans cet endroit bizarre. Des types lui avaient expliqués qu'il était atteint de folie et que, pour son bien, on lui avait effacé la mémoire. Il paraitrait qu'il était ici pour être soigner et avoir une deuxième chance. Il avait un doute, surtout depuis que ce type était venu lui apportait une balle et lui avait tourné autour en aboyant joyeusement. Ouais, il avait vraiment un doute là... Il avait fait l'erreur de la lui lancer la balle d'ailleurs. Les deux trois premiers coups, il avait trouvé ça marrant. Mais au bout de la trentième fois... Il avait fini par lancer la balle dans une chambre et par la fermer en la bloquant avec une chaise. Le chien, enfin le type qui se prenait pour un chien, s'était mis à gratter et à hurler à la mort. Mouais... ici on soignait les gens... c'était tellement évident !
Il cherchait un endroit où il pourrait manger. Ben oui, il avait peut-être perdu la mémoire, mais pas l'appétit ! Il avait failli demander son chemin à un type dans le couloir, mais avait changé d'avis pour continuer sa route quand celui-ci avait commencé à lui annoncer la fin du monde. Il ne se souvenait pas si lui même était réellement fou... mais il n'avait aucun doute : ces gens là l'étaient !

Il avait fini par trouver un lieu pour se restaurer. Perdre la mémoire n'était pas bien pratique : comment choisir quoi manger quand on ignorait complètement ce que l'on aimait et détestait. Il avait fini par prendre plusieurs choses, espérant ne pas être trop difficile, puis était aller s'installer à une table. Il se balança sur sa chaise en observant un moment ce qu'il avait pris. Non vraiment... il avait beau regarder, il n'avait pas le moindre indice de ce qu'il aimait et de ce qu'il détestait. A vrai dire... il ne savait même pas ce qu'il était censé manger en premier. Il haussa les épaules et prit un truc au hasard: il n'allait pas se laisser démonter pour si peu après tout ! Il prit courageusement une cuillère d'une jolie petit purée rouge avant de le recracher aussi sec. Ça se mangeait vraiment ce truc là ? Il tapa sur la table, la bouche le brûlait et les larmes lui montaient aux yeux. C'était peut-être pour cela qu'il n'y avait qu'un petit pot. Il n'aurait peut-être pas dû essayer de manger la cuillère entière d'un seul coup. Il avait même failli en tomber de sa chaise !
Il abandonna l'idée de manger un moment. Au moins le temps que cette sensation désagréable s'arrête. Il se demandait vraiment si ça se mangeait ou si quelqu'un s'amusait simplement à les observer. Ayant cessé de manger, il s'aperçut soudainement... qu'il s'ennuyait. Il en regrettait presque l'homme-chien... presque seulement. Il se mit à regarder les gens dans la salle et son regard s'arrêta sur l'un d'eux. On aurait dit un enfant. Qu'est-ce qu'un enfant foutait là ? Un petit blondinet de rien du tout perdu au milieu de ces fous. La bestiole qu'il tenait dans les bras sembla lui lançait un regard meurtrier. Ça ne semblait pas vivant... mais cette chose n'allait pas vraiment avec le petit blond. Le petit bonhomme avait un air innocent, presque naïf. Naïf. Matthew n'hésita qu'une fraction de seconde.

- Hey ! Hey toi ! Viens voir ! J'ai trouvé un truc super bon ! Tu veux goûter ?

Il lui tendait la jolie purée rouge qu'il venait de goûter : il s'ennuyait déjà ici, alors... pourquoi ne pas s'amuser un petit peu ?

Huuum... Depuis combien de temps étions nous réveillé? J'imagine au moins quelques semaines. Je n'ai pas pensé à compter et ça aurait été une énorme perte de temps. Une certaine routine s'était installée pour Poussin comme il fallait. Après tout, il est encore jeune, il ne peut pas se laisser aller comme ça entouré par une bande de cinglé! Quoi qu'en fait... On doit être sûrement plus fou que tous les autres, après tout, on est un deux pour un! Je crois bien que les gens de cet endroit bizarre savent qu'on est deux. Ils lancent plein de sous-entendus, mais au moins ils n'ont pas encore été directement à l'essentiel. Ils n'ont pas vraiment de preuve après tout, étant donné que je ne me montre jamais. Et puis, Poussin en soit est déjà un problème d'après eux. Il est encore un enfant. Je me perds, pardon. Le petit s'était donc réveillé joyeusement comme d'habitude et avait fait un câlin à son adorable peluche... Hum, hum, à son horrible peluche démoniaque. Après tout, c'est un lapin brun avec des yeux rouges qui vous fixent d'une manière à vous rendre mal à l'aise. Et puis... sérieusement, ce lapin, il ne va pas vraiment dans le décor de Poussin. C'est comme deux choses totalement opposées qui se rassemblent pour former un duo incohérent. Monsieur Lapinou, c'est son nom à ce lapin, est pourtant plutôt gentil avec Poussin, quoi qu'avec moi, il redevient un minimum adulte.

Poussin fit comme d'habitude. Il alla aux toilettes, il se brossa les dents, il se brossa les cheveux, choisis ses vêtements, donna un câlin à sa peluche et sortit avec un gros sourire. Il se promena un moment avant que je ne le rappelle à l'ordre pour qu'il aille déjeuner. Oui, j'étais une sorte de protecteur ou de grand-frère, c'était plus fort que moi. En fait, c'est comme si cela avait toujours été comme ça, mais je m'en souviens pas et encore moins lui. Parfois, j'ai des flashs, mais rien de bien précis et rien qui puisse m'aider à savoir. De plus, je n'ai pas non plus l'impression d'avoir 12 ans, peut-être plutôt 18 ans. Ça va bien à Poussin alors on va garder ça pour le moment. Ah tien, le menu du jour. Quelle horreur en fait cette nourriture. Je la goutte à travers lui et c'est plutôt mauvais la plupart du temps. Je dois être difficile. Je conseille Poussin, sachant ce qu'il aime, lui indiquant les choses qui semblent nouvelles et les choses qu'il déteste. Il m'écoute sagement, prenant ce que je lui dis et il commença à chercher un endroit où s'asseoir, un peu perdu. Moi aussi, je faisais mon repérage, tentant de lui indiquer un endroit moins dangereux que les autres et surtout pour qu'il ne perde pas le lapin. Soudain, on l'interpella, ce qui m'aurait fait froncer les sourcils si j'avais pu. Qui osait l'importuner? Tiens, un nouveau? Il lui proposait de manger quelque chose qui était brûlant et horriblement dégoûtant. Je murmurais à Poussin de refuser alors qu'il regardait le nouveau avec de grands yeux innocents. Il recula d'un pas comme je lui avais appris, pour une distance sécuritaire puis il dit de sa petite voix enjouée en secouant la tête:

-Non! J'ai pas le droit! Mais... Est-ce que je peux m'asseoir avec toi?!

Et il offrit un adorable sourire comme lui seul savait le faire. Si j'avais une main, je me serais tapé le front. Bravo pour la première partie, mais quelle idée de vouloir s'asseoir avec lui? Bah... Pourquoi pas! Il a simplement l'air un peu mesquin, mais moins dangereux que les autres. Poussin lui montra son plateau et sans attendre, il s'assit à sa table et posa son Lapin sur une chaise à côté de lui. Il sourit à l'inconnu et tapota la tête de son lapin. Il fixa avec un sourire son nouvel ami, attendant qu'il veuille bien continuer à parler avec lui. Moi, j'avais décidé que je garderais un oeil sur le lapin à travers les yeux de notre corps. Voilà, il recommençait. Pendant que l'autre regardait ailleurs, il tournait la tête pour le fixer. Après tout, ce lapin était vivant d'un certain côté. Oui... Vivant...

(HRP: Désolé du retard! *GROS BISOU*)